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Publié le 24 novembre 2025 à 08:35 · Temps de lecture estimé : 18 minutes

Travail des enfants et batteries : la vérité sur le cobalt des voitures électriques

Les batteries exploitent-elles des enfants en Afrique ? Décryptage factuel et chiffré du problème du cobalt en RDC, des solutions en cours (batteries LFP sans cobalt, certifications, recyclage), et de la comparaison avec l'industrie pétrolière. Tous les chiffres, toutes les sources.

Florent ANGLES

Par Florent ANGLES

Travail des enfants et batteries : la vérité sur le cobalt des voitures électriques

L'argument revient en boucle dès qu'on parle de voitures électriques : "Les batteries exploitent des enfants dans des mines en Afrique !". C'est l'une des critiques les plus émotionnelles et les plus efficaces contre les véhicules électriques. Et pour cause : personne ne veut être complice de l'exploitation d'enfants.

Mais qu'en est-il vraiment ? Quelle est l'ampleur du problème ? Et surtout : est-ce que rouler au pétrole plutôt qu'à l'électrique résout quoi que ce soit ?

Spoiler : le travail des enfants dans l'extraction de cobalt en RDC est un problème réel et documenté. MAIS : il concerne une minorité de la production mondiale, il diminue drastiquement, l'industrie automobile met en place des certifications strictes, et surtout... l'industrie pétrolière n'est pas en reste, loin de là.

Décryptage factuel, chiffré, sourcé, sans langue de bois.

Le cobalt : le seul métal réellement concerné

Première mise au point essentielle : quand on parle de "métaux rares" et de travail des enfants dans les batteries, on parle quasi exclusivement du cobalt. Pas du lithium, pas du nickel, pas du graphite, pas du manganèse.

Pourquoi le cobalt ?

Parce que 70% du cobalt mondial provient de République Démocratique du Congo (RDC), un pays où le secteur minier artisanal (petites exploitations manuelles, sans mécanisation) représente encore une part significative de la production. Et c'est dans ce secteur artisanal que des cas de travail d'enfants ont été documentés.

Métal Usage dans une batterie Principaux producteurs Travail des enfants documenté ?
⚠️ Cobalt Cathode (stabilité thermique) RDC (70%), Australie, Canada OUI (secteur artisanal RDC)
Lithium Cathode (stockage d'énergie) Australie (52%), Chili, Chine, Argentine NON (extraction mécanisée)
Nickel Cathode (densité énergétique) Indonésie (38%), Philippines, Russie NON (exploitation industrielle)
Graphite Anode (conductivité) Chine (70%), Mozambique, Madagascar NON (exploitation industrielle)
Manganèse Cathode (stabilité) Afrique du Sud, Chine, Gabon NON (exploitation industrielle)

Sources : USGS (US Geological Survey) 2024, Amnesty International, ILO (International Labour Organization)

Conclusion : le débat sur le travail des enfants concerne uniquement le cobalt extrait de manière artisanale en RDC. Tous les autres métaux de batteries proviennent d'exploitations industrielles mécanisées en Australie, Chine, Chili, Canada, etc., où le travail des enfants n'est pas documenté.

Quelle est l'ampleur réelle du problème en RDC ?

Maintenant qu'on sait que le problème concerne le cobalt congolais, quantifions précisément.

Production artisanale vs industrielle en RDC

Selon les données du gouvernement congolais et de l'USGS, la production de cobalt en RDC se répartit entre deux secteurs très différents :

Production de cobalt en RDC (2024)

85-90%

Secteur industriel

  • ✓ Mines mécanisées à grande échelle
  • ✓ Exploitées par multinationales (Glencore, China Molybdenum, etc.)
  • ✓ Audits sociaux réguliers
  • ✓ Pas de travail d'enfants documenté

10-15%

Secteur artisanal (ASM)

  • ⚠️ Petites exploitations manuelles
  • ⚠️ ~200 000 mineurs artisanaux
  • ⚠️ Conditions de travail difficiles
  • ⚠️ Travail d'enfants présent

Premier enseignement : 85 à 90% du cobalt congolais provient de mines industrielles où le travail des enfants n'est pas documenté. Le problème concerne donc les 10-15% restants, issus du secteur artisanal.

Combien d'enfants concernés ?

Selon un rapport de 2023 de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) et l'UNICEF, on estime qu'environ 40 000 enfants travaillent dans les mines artisanales de RDC (tous minerais confondus : cobalt, mais aussi cuivre, coltan, or, diamants).

⚠️ Estimation du nombre d'enfants dans l'extraction de cobalt artisanal

~40 000 enfants dans les mines artisanales en RDC (tous minerais)

Le cobalt représente environ 20-30% de l'activité minière artisanale

Estimation : 8 000 à 12 000 enfants impliqués dans l'extraction artisanale de cobalt

Sources : OIT, UNICEF, Amnesty International (2023-2024)

C'est 8 000 à 12 000 de trop. Absolument. Mais il faut contextualiser ce chiffre pour comprendre l'ampleur réelle et les solutions.

Part du cobalt artisanal dans une batterie de VE

Faisons le calcul complet, du sol jusqu'à votre voiture électrique :

Étape de la chaîne Pourcentage Explication
Production mondiale de cobalt 100% ~190 000 tonnes/an (2024)
→ Provenant de RDC 70% ~133 000 tonnes
→ RDC secteur artisanal (ASM) 10-15% de la RDC ~13 300 à 20 000 tonnes
Part du cobalt artisanal RDC dans le total mondial 7-10% C'est cette fraction qui pose problème
→ Cobalt utilisé dans les batteries VE ~40% Le reste : alliages métalliques, électronique, chimie
CONCLUSION : Part du cobalt artisanal RDC dans les batteries VE ~3-4% Et en forte baisse (voir suite)

Sources : USGS, Cobalt Institute, Benchmark Mineral Intelligence (2024)

Analyse : Dans une batterie de voiture électrique moyenne aujourd'hui, environ 3 à 4% du cobalt provient potentiellement du secteur artisanal congolais. C'est cette petite fraction qui est concernée par les risques de travail d'enfants.

L'évolution rapide : vers des batteries sans cobalt

Deuxième élément crucial : l'industrie automobile réduit drastiquement sa dépendance au cobalt depuis 5 ans. Ce n'est pas de l'affichage : ce sont des changements technologiques massifs et documentés.

La révolution des batteries LFP (sans cobalt)

Les batteries LFP (Lithium-Fer-Phosphate) ne contiennent aucun cobalt, aucun nickel. Elles sont moins denses en énergie (autonomie légèrement réduite), mais plus sûres, moins chères, et éthiquement irréprochables.

📈 Part de marché des batteries LFP (sans cobalt) dans les VE

2019
5%
2021
15%
2023
35%
2024
45%
2030*
60-70% (projection)

Sources : Benchmark Mineral Intelligence, Bloomberg NEF, CATL, BYD | *Projection

Traduction concrète : En 2024, près de la moitié des voitures électriques vendues dans le monde utilisent des batteries sans cobalt. Et cette part continue d'augmenter rapidement.

Réduction du cobalt dans les batteries NMC

Même dans les batteries NMC (Nickel-Manganèse-Cobalt) qui équipent encore 55% des VE, la teneur en cobalt a drastiquement baissé :

Année Chimie dominante Cobalt dans la cathode Cobalt par batterie 60 kWh
2015 NMC 111 (33% Co) 33% ~15 kg
2018 NMC 622 (20% Co) 20% ~9 kg
2021 NMC 811 (10% Co) 10% ~4,5 kg
2024 NMC 9½½ (5% Co) ou LFP (0% Co) 0-5% 0-2 kg

Sources : Benchmark Mineral Intelligence, Transport & Environment, Avicenne Energy

Résultat : En 10 ans, la quantité de cobalt par batterie a été divisée par 7 à 15 selon les chimies. Et près de la moitié des nouveaux VE n'en contiennent plus du tout.

Modèles de VE sans cobalt en 2025

Concrètement, voici des modèles populaires qui n'utilisent aucun cobalt :

Tesla Model 3 / Y Standard Range

Batterie LFP (CATL) | 0% cobalt, 0% nickel

BYD Atto 3 / Dolphin / Seal

Batterie LFP Blade | 0% cobalt, 0% nickel

Renault Mégane E-Tech

Version LFP 40 kWh | 0% cobalt

Peugeot e-208 / e-2008

Version LFP en cours de déploiement | 0% cobalt

Volkswagen ID.3 Pure

Batterie LFP 52 kWh | 0% cobalt

MG 4 / MG ZS EV

Batterie LFP | 0% cobalt, 0% nickel

Et la liste s'allonge chaque trimestre. D'ici 2027-2028, la majorité des VE vendus en Europe seront équipés de batteries LFP ou à très faible teneur en cobalt.

Les certifications et la traçabilité : des progrès réels

Face à la pression des ONG (Amnesty International en tête), des médias, et des consommateurs, l'industrie automobile a mis en place des systèmes de traçabilité et de certification du cobalt.

Les initiatives majeures

Initiative Participants Objectif
RCS (Responsible Cobalt Initiative) Apple, BMW, Ford, Samsung, Volvo, etc. Audits tiers indépendants, traçabilité blockchain
RMI (Responsible Minerals Initiative) 400+ entreprises (Tesla, VW, Mercedes, etc.) Certification des fonderies et raffineries
Fair Cobalt Alliance Glencore, Umicore, Huayou Cobalt Financement d'écoles, formalisation du secteur artisanal
Règlement UE sur les batteries (2023) Obligatoire pour toute batterie vendue en UE Traçabilité complète + passeport numérique dès 2027

Sources : RCS, RMI, Commission Européenne (Règlement 2023/1542)

Le Règlement européen sur les batteries : un tournant

Depuis 2024, le Règlement européen sur les batteries impose des obligations strictes :

📜 Obligations du Règlement UE sur les batteries

  • Due diligence obligatoire : Les fabricants doivent prouver qu'ils respectent les droits humains dans leur chaîne d'approvisionnement
  • Traçabilité complète : Origine de chaque métal documentée
  • Passeport numérique dès 2027 : QR code sur chaque batterie avec historique complet
  • Sanctions financières : Amendes jusqu'à 4% du chiffre d'affaires mondial en cas de non-conformité

Résultat : il devient impossible de vendre une voiture électrique en Europe sans prouver l'origine éthique de ses matériaux. C'est une avancée majeure, même si la mise en œuvre prendra encore quelques années.

Et le pétrole, alors ? Le double standard

Maintenant, posons-nous la vraie question : si l'on refuse d'acheter une voiture électrique à cause du cobalt congolais, doit-on aussi refuser d'acheter de l'essence ?

Le travail forcé dans l'industrie pétrolière

Selon l'Organisation Internationale du Travail (OIT) et l'indice Global Slavery Index 2023, plusieurs pays producteurs de pétrole présentent des problèmes majeurs de travail forcé et d'exploitation :

Pays producteur de pétrole Production (Mb/j) Problèmes documentés Index travail forcé
🇸🇦 Arabie Saoudite 10,5 Mb/j Système de la Kafala (travailleurs migrants), travail forcé 5,3 ‰
🇶🇦 Qatar 1,5 Mb/j Kafala, confiscation de passeports, conditions inhumaines 8,8 ‰
🇦🇪 Émirats Arabes Unis 3,2 Mb/j Kafala, exploitation travailleurs du Golfe et d'Asie du Sud 5,6 ‰
🇮🇶 Irak 4,2 Mb/j Travail forcé, esclavage moderne (État Islamique), trafic humain 4,0 ‰
🇳🇬 Nigeria 1,4 Mb/j Travail forcé, trafic d'enfants, esclavage domestique 5,0 ‰
🇨🇩 RDC (cobalt) - Travail d'enfants (secteur artisanal minier) 7,4 ‰

Sources : Global Slavery Index 2023, OIT, Human Rights Watch | ‰ = pour mille (victimes pour 1000 habitants)

Constat : Les pays producteurs de pétrole du Moyen-Orient (qui fournissent 30% du pétrole mondial) présentent des indices de travail forcé similaires ou supérieurs à la RDC. Mais personne ne refuse de faire le plein d'essence à cause de ça.

Le système de la Kafala : 25 millions de victimes

Le système de la Kafala, en vigueur dans les pays du Golfe (Arabie Saoudite, Qatar, EAU, Koweït, Bahreïn), est une forme moderne d'esclavage légal :

⚠️ Le système de la Kafala

  • ~25 millions de travailleurs migrants concernés (Inde, Pakistan, Bangladesh, Philippines, Népal, Éthiopie)
  • • Confiscation des passeports par l'employeur
  • • Interdiction de changer d'employeur sans autorisation
  • • Salaires non payés ou retardés pendant des mois
  • • Conditions de travail dangereuses (50°C en été, accidents mortels fréquents)
  • • Pas de syndicats, pas de recours légaux efficaces

Source : Human Rights Watch, Amnesty International, OIT (rapports 2022-2024)

Ces 25 millions de travailleurs ne sont pas tous dans l'industrie pétrolière (beaucoup sont dans la construction, les services domestiques), mais une part significative travaille dans le secteur énergétique : raffineries, pétrochimie, maintenance des infrastructures pétrolières.

Comparaison chiffrée : cobalt vs pétrole

⚠️ Cobalt (batteries VE)

  • ~8 000 à 12 000 enfants dans l'extraction artisanale RDC
  • • Concerne 7-10% de la production mondiale de cobalt
  • • Qui représente 3-4% du cobalt des batteries VE
  • • Et 45% des VE n'utilisent plus de cobalt (LFP)
  • • Traçabilité et certifications en forte augmentation
  • • Règlement UE obligatoire dès 2024-2027
  • • Cobalt utilisé UNE FOIS (recyclable à 95%)

🛢️ Pétrole (voitures thermiques)

  • ~25 millions d'adultes sous système Kafala (Golfe)
  • • Travail forcé, confiscation passeports, conditions inhumaines
  • • Concerne les pays fournissant 30% du pétrole mondial
  • Aucun système de traçabilité du pétrole par origine éthique
  • • Aucune certification ou due diligence obligatoire
  • • Pétrole consommé en CONTINU : ~1 200 L/an pendant 15-20 ans

Conclusion : Si vous refusez d'acheter une voiture électrique à cause du cobalt, vous devriez aussi refuser de faire le plein d'essence. Sinon, c'est du "double standard" pur et simple.

Le cobalt n'est pas réservé aux batteries

Dernier point crucial souvent oublié : le cobalt n'est pas uniquement utilisé dans les batteries de VE. En fait, les batteries ne représentent qu'une partie de la demande mondiale.

Répartition de la consommation mondiale de cobalt

Secteur d'utilisation Part 2024 Applications concrètes
Batteries rechargeables (VE + électronique) 40% Voitures électriques, smartphones, laptops, outils sans fil
Superalliages (aéronautique, énergie) 25% Turbines d'avions, centrales électriques, moteurs industriels
Catalyseurs (pétrochimie) 15% Raffinage du pétrole, production de plastiques
Céramiques et pigments 10% Peintures bleues, céramiques industrielles, verres
Autres (aimants, pneus, etc.) 10% Aimants permanents, renforts de pneus, électronique

Source : Cobalt Institute, Benchmark Mineral Intelligence (2024)

Autrement dit : Votre smartphone, votre ordinateur portable, vos outils sans fil, l'avion que vous prenez en vacances, les plastiques de votre voiture thermique (raffinés avec des catalyseurs au cobalt)... tout ça contient du cobalt, potentiellement de la même origine que celui des batteries de VE.

Mais bizarrement, personne ne dit "Je refuse d'acheter un iPhone à cause du cobalt congolais". Le débat se concentre uniquement sur les voitures électriques. Pourquoi ce deux poids deux mesures ?

Les solutions concrètes en cours

Face à ce problème réel, que fait-on concrètement ? Contrairement à ce qu'on pourrait croire, des progrès massifs sont en cours.

1. Formalisation du secteur artisanal

Plusieurs initiatives financées par l'industrie et les ONG visent à formaliser le secteur artisanal plutôt que de l'interdire (ce qui pousserait les mineurs vers encore plus de précarité) :

✓ Programmes de formalisation

  • Fair Cobalt Alliance : 15 millions $ investis pour créer des coopératives formelles avec équipements de sécurité, salaires décents, interdiction du travail des enfants
  • Programme COTECCO (Cobalt Traceability for Congo) : Certification des sites artisanaux "child-free" avec audits réguliers
  • Construction d'écoles financées par Glencore, BMW, Volkswagen dans les zones minières pour scolariser les enfants
  • Primes de rachat supérieures pour le cobalt certifié "sans travail d'enfants"

Sources : Fair Cobalt Alliance, USAID, Pact (ONG)

2. Diversification géographique

De nouvelles mines de cobalt ouvrent dans des pays aux standards plus élevés :

🇦🇺 Australie

Nouvelles mines (Queensland, WA) | Standards élevés, aucun travail d'enfants

🇨🇦 Canada

Projets en Ontario | Législation stricte, exploitation responsable

🇫🇮 Finlande

Mine de Terrafame | Production européenne éthique

3. Recyclage massif des batteries

D'ici 2030, le recyclage des batteries va exploser :

♻️ Part du cobalt recyclé dans les nouvelles batteries

2024
~5%
2030
20-25%
2040
50-60%

Sources : Transport & Environment, Circular Energy Storage, BloombergNEF

Pourquoi ce boom du recyclage ? Parce que les premières générations de VE (2012-2018) arrivent en fin de vie, et leurs batteries contiennent des dizaines de kg de cobalt faciles à récupérer. Le Règlement UE impose d'ailleurs 70% de recyclage minimum dès 2030.

Conclusion : oui c'est un problème, non ce n'est pas un argument contre les VE

Résumons factuellement :

  1. Le problème est réel : ~8 000 à 12 000 enfants travaillent dans l'extraction artisanale de cobalt en RDC. C'est inacceptable et ça doit cesser.
  2. Mais il est circonscrit : Cela concerne 7-10% du cobalt mondial, qui représente lui-même 3-4% du cobalt des batteries VE.
  3. Et il diminue drastiquement : 45% des VE n'utilisent plus de cobalt (LFP), et cette part monte à 60-70% d'ici 2030.
  4. Des solutions existent : Certifications, traçabilité blockchain, formalisation du secteur artisanal, recyclage massif à venir.
  5. Le pétrole n'est pas mieux : 25 millions de travailleurs sous système Kafala, travail forcé documenté dans les pays du Golfe, zéro traçabilité.
  6. Tous les secteurs utilisent du cobalt : Smartphones, ordinateurs, avions, raffinage du pétrole... Pourquoi cibler uniquement les VE ?

Refuser d'acheter une voiture électrique à cause du cobalt, c'est comme refuser de manger du chocolat à cause du travail des enfants en Côte d'Ivoire... tout en continuant à boire du café produit dans les mêmes conditions.

La vraie question n'est pas "Faut-il arrêter les VE ?", mais plutôt :

  • Comment accélérer le passage aux batteries LFP (sans cobalt) ?
  • Comment renforcer la traçabilité et les audits indépendants ?
  • Comment financer la scolarisation des enfants dans les zones minières ?
  • Comment développer des mines de cobalt dans des pays aux standards élevés (Australie, Canada, Europe) ?
  • Comment massifier le recyclage des batteries pour réduire l'extraction minière ?

Et surtout : comment cesser d'appliquer des standards éthiques différents selon qu'on parle de batteries ou de pétrole ?

Si vous êtes sensible à la question du travail des enfants (et c'est tout à votre honneur), alors :

  • ✓ Privilégiez les VE avec batteries LFP (Tesla Model 3/Y Standard, BYD, Renault Mégane E-Tech LFP, MG 4, VW ID.3 Pure)
  • ✓ Renseignez-vous sur la politique d'approvisionnement du constructeur (la plupart publient des rapports RSE détaillés)
  • ✓ Soutenez les initiatives de recyclage des batteries en fin de vie
  • ✓ Et gardez à l'esprit que continuer à rouler au pétrole ne résout aucun problème éthique, bien au contraire

Le monde parfait n'existe pas. Mais entre une énergie fossile importée à 99% de pays instables avec 25 millions de travailleurs en situation de quasi-esclavage, et une électricité produite à 96% en France avec des batteries de plus en plus éthiques et recyclables... le choix devrait être évident.

Questions fréquentes (FAQ)

Pourquoi on ne parle que du cobalt et pas du lithium ou du nickel ?

Parce que le lithium est extrait principalement en Australie (52%), Chili et Argentine par des méthodes industrielles (mines à ciel ouvert ou extraction de saumures), sans travail d'enfants documenté. Le nickel vient d'Indonésie, Philippines et Russie, également par exploitation industrielle mécanisée. Seul le cobalt pose un problème éthique documenté, et uniquement dans le secteur artisanal de RDC qui représente 7-10% de la production mondiale.

Mais si on arrête d'acheter du cobalt congolais, les enfants et leurs familles perdront leur revenu non ?

C'est exactement pour ça que l'approche ne doit pas être un boycott pur, mais une formalisation du secteur. Les initiatives comme Fair Cobalt Alliance visent à créer des coopératives légales où les adultes gagnent un salaire décent (~300-400 $/mois au lieu de 100-150 $), avec équipements de sécurité, assurance santé, et où les enfants vont à l'école (financée par les primes). C'est plus efficace qu'un boycott qui pousserait les familles vers encore plus de pauvreté ou vers d'autres minerais (or, diamants) où les conditions sont pires.

Les constructeurs automobiles ne font-ils pas juste du greenwashing ?

Il y a du greenwashing (comme dans toute industrie), MAIS il y a aussi des actions concrètes et mesurables : 1) 45% des VE sont déjà en batteries LFP (sans cobalt du tout), c'est factuel, 2) Le Règlement UE impose des sanctions financières lourdes (jusqu'à 4% du CA mondial) en cas de non-respect de la due diligence, ce n'est pas de la com', 3) Des audits indépendants (RMI, RCS) publient des rapports annuels avec noms des fonderies certifiées, c'est vérifiable. Bref : il reste du chemin, mais les progrès sont réels et documentés.

Pourquoi ne pas développer des mines de cobalt en France ou en Europe ?

Il y a très peu de gisements de cobalt exploitables en Europe (quelques petits en Finlande, République Tchèque). Le cobalt est souvent un sous-produit de l'extraction du cuivre ou du nickel, il n'existe pas vraiment de "mines de cobalt pur". MAIS : 1) L'Europe développe massivement le recyclage des batteries (objectif 70% dès 2030), ce qui créera une "mine urbaine" locale, 2) On diversifie vers Australie et Canada (standards élevés), 3) Et surtout, on réduit la dépendance au cobalt avec les batteries LFP. Bref, l'Europe mise sur le recyclage + diversification + LFP plutôt que sur de nouvelles mines.

Les batteries LFP (sans cobalt) ne sont-elles pas moins performantes ?

Elles ont une densité énergétique légèrement inférieure (~10-15% de moins), donc pour une même taille de batterie, l'autonomie est un peu réduite. MAIS : 1) Les progrès sont rapides (CATL annonce 1 000 km d'autonomie avec des LFP v3 dès 2026), 2) Elles sont plus sûres (pas d'emballement thermique), 3) Bien moins chères (~30% de réduction de coût), 4) Durée de vie supérieure (3 000-4 000 cycles contre 1 500-2 000 pour NMC), 5) Meilleures performances au froid (avec les nouvelles générations). Pour 90% des usages quotidiens (trajets <100 km/j), une LFP est largement suffisante.

Comment savoir si la voiture électrique que je veux acheter contient du cobalt éthique ?

Option 1 (idéale) : Achetez un modèle en batterie LFP (0% cobalt) : Tesla Model 3/Y Standard Range, BYD Atto 3/Dolphin/Seal, Renault Mégane E-Tech LFP, MG 4, VW ID.3 Pure. Option 2 : Consultez le rapport RSE (Responsabilité Sociétale) du constructeur (BMW, Mercedes, Volvo, Ford, Renault publient tous des rapports annuels détaillant leur politique d'approvisionnement en cobalt). Option 3 : À partir de 2027, toutes les batteries vendues en UE auront un passeport numérique (QR code) indiquant l'origine de chaque métal. La transparence sera totale.

Et le recyclage des batteries, ça fonctionne vraiment à 95% comme on le dit ?

Oui, pour les métaux (cobalt, nickel, cuivre, lithium). Les procédés hydrométallurgiques (dissolution chimique) et pyrométallurgiques (fusion à haute température) permettent de récupérer 90-95% du cobalt et du nickel. Le lithium est plus compliqué (60-70% de recyclage actuellement), mais les procédés s'améliorent vite. Le Règlement UE impose d'ailleurs des taux de recyclage minimum : 90% pour le cobalt et nickel dès 2027, 70% pour le lithium dès 2030. Des entreprises comme Umicore, Northvolt, Redwood Materials font déjà du recyclage à échelle industrielle. Et contrairement au pétrole brûlé qui ne revient jamais, une batterie recyclée peut donner naissance à 5-10 nouvelles batteries au cours du siècle.