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"Les batteries de voitures électriques ne se recyclent pas et finissent toutes à la décharge." C'est sans doute l'argument anti-VE le plus répandu sur les réseaux sociaux. Pourtant, les chiffres sont là : 95% d'une batterie est recyclable, avec des taux de récupération qui atteignent 90% pour le cobalt, le nickel et le cuivre, et bientôt 70% pour le lithium. Des usines françaises tournent déjà à plein régime, la réglementation européenne impose des objectifs stricts, et le marché mondial va être multiplié par 6 d'ici 2032. Alors pourquoi ce mythe persiste-t-il ? Plongée dans une filière industrielle en pleine explosion que personne ne voit... parce qu'on préfère regarder ailleurs.

Le recyclage des batteries : des chiffres qui claquent

Commençons par tordre le cou à l'idée reçue principale : non seulement les batteries se recyclent, mais elles se recyclent mieux que la plupart des autres matériaux que nous utilisons au quotidien.

Taux de recyclabilité : la batterie éclate tout

Voici un tableau qui devrait calmer les débats de comptoir. Comparons le taux de recyclage d'une batterie lithium-ion avec d'autres matériaux courants :

Matériau Taux de recyclage actuel Taux de recyclage théorique Commentaire
🔋 Batteries Li-ion (VE) 65-95% 95-99% En forte progression, réglementation stricte
🪫 Batteries plomb (thermiques) 99% 99% Filière mature depuis 50 ans
🧴 Plastique 9-22% 80-90% Filière en crise, downcycling
📱 Électronique (téléphones) 17-20% 70-80% Faible collecte, complexité technique
⛽ Pétrole / Essence 0% 0% Non recyclable (combustion)
♻️ Verre 76% 100% Filière mature, excellent taux
🥫 Aluminium 75-80% 95% Excellente recyclabilité

Sources : ADEME, Eurostat, France Énergies Durables - Données 2024 sur les filières de recyclage en France et Europe

Première observation : une batterie de VE se recycle bien mieux que votre bouteille en plastique et presque aussi bien qu'une batterie au plomb classique (celle de votre voiture thermique, que personne ne remet en question).

Deuxième observation : le pétrole que vous mettez dans votre réservoir ? Taux de recyclage : 0%. Une fois brûlé, c'est terminé. Il part en CO₂ dans l'atmosphère. Étrange qu'on ne s'en offusque jamais, non ?

Récupération par matériau : du quasi-parfait

Rentrons dans le détail. Une batterie lithium-ion de VE contient plusieurs métaux précieux. Voici ce qu'on sait en récupérer aujourd'hui, et ce qu'impose la réglementation européenne pour demain :

Matériau Taux actuel (2024) Objectif UE 2025 Objectif UE 2030 Valeur économique
Cobalt 85-95% 90% 95% ~35 000 €/tonne
Nickel 85-95% 90% 95% ~18 000 €/tonne
Cuivre 90-95% 90% 95% ~8 500 €/tonne
Aluminium 80-90% - - ~2 200 €/tonne
Lithium 35-50% 35% 70% ~12 000 €/tonne
Graphite 40-60% - - ~600 €/tonne

Source : Directive européenne sur les batteries (Règlement UE 2023/1542), France Énergies Durables, données industrie 2024

Ce qu'il faut retenir :

  • Cobalt, nickel, cuivre : déjà recyclés à plus de 90% dans les usines les plus avancées (comme celle de Renault-Veolia à Dunkerque).
  • Lithium : c'est le seul qui pose encore problème, mais l'objectif de 70% d'ici 2030 est réaliste avec les nouvelles technologies d'hydrométallurgie.
  • Valeur économique : une batterie de 60 kWh (~400 kg) contient environ 3 000 à 5 000 € de métaux récupérables. Autant dire que personne ne va les jeter à la décharge !

La réglementation européenne : du sérieux

Contrairement à ce qu'on entend souvent, l'Europe ne laisse pas faire n'importe quoi avec les batteries. La nouvelle directive européenne sur les batteries (entrée en vigueur en août 2023) impose des règles parmi les plus strictes au monde.

Les grands principes de la directive

📋 Obligations légales depuis 2023

  • Collecte obligatoire : 65% des batteries portables et 70% des batteries industrielles d'ici 2025
  • Taux de recyclage minimums : 90% pour Co, Ni, Cu / 35% pour Li (70% en 2030)
  • Passeport numérique : traçabilité complète de chaque batterie dès 2027
  • Contenu recyclé minimum : 16% de cobalt, 6% de lithium recyclé dans les nouvelles batteries d'ici 2030
  • Responsabilité élargie du producteur : le fabricant doit financer la collecte et le recyclage

Traduisons ça en langage humain : la loi interdit de jeter une batterie de VE à la poubelle. Le constructeur automobile est légalement obligé de la récupérer, de la recycler, et de prouver qu'il a atteint les objectifs de recyclage. Sinon ? Amendes massives et interdiction de vendre en Europe.

Alors oui, on peut critiquer plein de choses sur l'Europe... mais niveau batterie, ils ne rigolent pas. 💪

Comparaison internationale

L'Europe est-elle seule à imposer ces règles ? Non. Mais elle est clairement la plus stricte :

Région Objectif de collecte Taux de recyclage imposés Particularités
🇪🇺 Union Européenne 65-70% 90% (Co/Ni/Cu), 70% (Li) Passeport numérique obligatoire
🇨🇳 Chine Pas d'objectif chiffré Non imposés Traçabilité obligatoire depuis 2018
🇺🇸 États-Unis Variable par État Non imposés (fédéral) Subventions fédérales au recyclage
🇯🇵 Japon Pas d'objectif chiffré Volontaire Programme constructeurs volontaire
🇰🇷 Corée du Sud 60% 85% (tous métaux) Forte aide publique au recyclage

Sources : Commission Européenne (Règlement 2023/1542), rapports nationaux Chine/USA/Japon/Corée 2023-2024

Bref, niveau réglementation, l'Europe ne laisse rien au hasard. Et contrairement au plastique où les règles ne sont pas appliquées, ici les contrôles sont réels et les sanctions tombent.

La France et l'Europe : une filière industrielle déjà en marche

"Ouais mais concrètement, qui recycle ?" Excellente question. Réponse : des usines françaises et européennes qui existent déjà, et de nouveaux acteurs qui débarquent chaque année.

Les acteurs français du recyclage

🏭 Renault-Veolia (Dunkerque)

  • 📍 Localisation : Dunkerque (Hauts-de-France)
  • ⚙️ Capacité : 15 000 tonnes/an (extensible à 30 000)
  • ♻️ Taux : 95% de la batterie recyclée
  • 🎯 Spécialité : Hydrométallurgie (cobalt, nickel)
  • 📅 Opérationnel depuis : 2020

🏭 Eramet / Orano (Dunkerque)

  • 📍 Localisation : Dunkerque
  • ⚙️ Capacité : 50 000 tonnes/an dès 2027
  • ♻️ Taux : 90% de récupération des métaux critiques
  • 🎯 Spécialité : Black mass → métaux purs
  • 📅 Mise en service : 2027

🏭 SNAM (Viviez, Aveyron)

  • 📍 Localisation : Viviez (Occitanie)
  • ⚙️ Capacité : 7 000 tonnes/an
  • ♻️ Taux : 98% de valorisation matière
  • 🎯 Spécialité : Pyrométallurgie + hydrométallurgie
  • 📅 Opérationnel depuis : 2021

🏭 Battri (Saint-Laurent-Blangy)

  • 📍 Localisation : Saint-Laurent-Blangy (Hauts-de-France)
  • ⚙️ Capacité : 5 000 tonnes/an (phase 1)
  • ♻️ Taux : 95% de recyclage
  • 🎯 Spécialité : Collecte + démantèlement + recyclage
  • 📅 Opérationnel depuis : 2024

Total capacité France en 2027 : plus de 100 000 tonnes/an. Pour contexte, la France aura environ 40 000 tonnes de batteries en fin de vie à recycler par an d'ici 2030. On a donc déjà 2,5 fois la capacité nécessaire.

Et en Europe ?

L'Europe dans son ensemble a vu fleurir une vingtaine d'usines de recyclage ces 5 dernières années. Petit tour d'horizon :

  • Northvolt (Suède) : usine géante de 125 000 tonnes/an à Skellefteå, déjà opérationnelle
  • Umicore (Belgique) : 35 000 tonnes/an, leader historique européen
  • Duesenfeld (Allemagne) : procédé innovant mécanique, 3 000 tonnes/an
  • Accurec (Allemagne) : 10 000 tonnes/an, spécialiste pyrométallurgie
  • Fortum (Finlande) : 3 000 tonnes/an, taux de recyclage de 80%

Capacité totale Europe en 2025 : environ 600 000 tonnes/an. Volume de batteries à recycler en 2025 ? Environ 200 000 tonnes. Bref, on a déjà 3 fois trop de capacité.

Le vrai problème ? Ce n'est pas le recyclage. C'est la collecte. Beaucoup de batteries finissent encore dans des tiroirs ou sont exportées vers des pays où la réglementation est moins stricte. D'où les objectifs UE de collecte obligatoire.

Comment ça marche, concrètement ?

Parce qu'on vous voit venir : "Oui mais c'est facile de dire qu'on recycle, encore faut-il que ce soit vrai !". Alors détaillons le process, étape par étape.

Les 3 grandes méthodes de recyclage

🔥 1. Pyrométallurgie (méthode historique)

Principe : On chauffe la batterie à très haute température (1 400°C) pour faire fondre les métaux.

  • Avantage : Simple, rapide, fonctionne sur tous types de batteries
  • Inconvénient : Consomme beaucoup d'énergie, perd le lithium et le graphite (brûlés)
  • 📊 Taux de recyclage : 60-75% (on récupère Co, Ni, Cu mais pas Li)

🧪 2. Hydrométallurgie (méthode moderne)

Principe : On dissout les métaux dans un bain acide ou basique, puis on les sépare par précipitation chimique.

  • Avantage : Récupère tous les métaux (y compris le lithium), haute pureté
  • Avantage : Moins énergivore que la pyrométallurgie
  • Inconvénient : Plus complexe, produit des effluents chimiques à traiter
  • 📊 Taux de recyclage : 90-96% (tous métaux confondus)

🔩 3. Recyclage direct (méthode d'avenir)

Principe : On démonte la batterie, on nettoie les cathodes/anodes, et on les réutilise directement dans de nouvelles batteries (sans passer par la case "refonte").

  • Avantage : Impact environnemental minimal, coût faible, taux de recyclage théorique de 99%
  • Inconvénient : Nécessite des batteries peu dégradées, difficile à industrialiser pour l'instant
  • 📊 Taux de recyclage : 95-99% (théorique, peu déployé à grande échelle)

Tendance actuelle : la pyrométallurgie est en train de disparaître au profit de l'hydrométallurgie, qui est plus rentable et plus écolo. Le recyclage direct va monter en puissance d'ici 5-10 ans.

Exemple : le process Renault-Veolia

Prenons l'usine de Dunkerque, la plus avancée de France. Voici ce qui se passe quand vous ramenez votre vieille Renault Zoe en fin de vie :

  1. Étape 1 – Collecte : La batterie est récupérée chez le concessionnaire Renault et acheminée vers Dunkerque.
  2. Étape 2 – Décharge complète : On vide toute l'énergie résiduelle (sécurité).
  3. Étape 3 – Démontage : On retire le boîtier, les câbles, l'électronique (qui sont recyclés séparément).
  4. Étape 4 – Broyage : Les modules de batterie sont broyés pour obtenir la fameuse "black mass" (poudre noire contenant tous les métaux).
  5. Étape 5 – Hydrométallurgie : On dissout la black mass dans un bain chimique, puis on sépare chaque métal (cobalt, nickel, cuivre, lithium, manganèse).
  6. Étape 6 – Purification : Chaque métal est purifié pour atteindre un niveau "battery grade" (qualité batterie).
  7. Étape 7 – Réutilisation : Ces métaux repartent chez les fabricants de batteries (LG, CATL, etc.) pour produire de nouvelles cellules.

Bilan : Sur 400 kg de batterie entrante, l'usine récupère 380 kg de matériaux utilisables (95%). Les 5% restants ? Principalement du plastique et des résidus organiques, qui sont incinérés pour produire de l'énergie.

Le marché mondial : une explosion en cours

Si le recyclage des batteries était un secteur "qui ne marche pas", on ne verrait pas autant d'investissements privés. Spoiler : c'est l'inverse qui se passe.

Une croissance à 3 chiffres

📈 Marché mondial du recyclage de batteries Li-ion

5,41 Mds $
Valeur 2024
24,15 Mds $
Prévision 2032
+20,6%
Croissance annuelle (TCAC)

Source : Fortune Business Insights, 2024

Pour mettre ça en perspective : multiplier par 4,5 en 8 ans, c'est une croissance de startup tech. On parle d'un secteur industriel lourd (usines, machines, chimie), pas d'une appli mobile. C'est colossal.

Capacité mondiale : déjà suffisante (et en explosion)

Année Capacité mondiale (Mt/an) Volume à recycler (Mt/an) Ratio capacité/besoin
2023 1,7 0,6 2,8x
2025 2,5 1,0 2,5x
2027 4,0 1,5 2,7x
2029 11,0 2,5 4,4x
2030 13,0 3,5 3,7x

Source : Interact Analysis (2024), Global Industrie - Projections marché mondial recyclage batteries lithium-ion | Mt/an = Million de tonnes par an

Regardez le ratio capacité/besoin : on a toujours 2 à 4 fois plus de capacité que nécessaire. Pourquoi ? Parce que les industriels anticipent la montée en charge des VE. Ils construisent avant que le besoin arrive.

Donc non, on ne va pas manquer de capacité de recyclage. Le vrai défi ? Organiser la collecte et la logistique.

Pourquoi ce mythe persiste-t-il alors ?

Bonne question. Si les chiffres sont si clairs, pourquoi tant de gens croient encore que "les batteries ne se recyclent pas" ?

1. Confusion avec les batteries d'ancienne génération

Beaucoup confondent les batteries lithium-ion (VE) avec les vieilles piles alcalines jetables (lampe de poche, télécommande). Ces dernières étaient effectivement difficiles à recycler dans les années 90-2000, et cette image est restée.

Mais une batterie de VE n'a rien à voir avec une pile Duracell. C'est comme comparer une centrale nucléaire à une bougie.

2. Désinformation organisée

Certains lobbies ont activement propagé ce mythe pour freiner l'adoption des VE. Des études biaisées, des documentaires orientés, des posts Facebook viraux... l'arsenal classique.

Exemple : en 2021, une "étude" prétendait que les batteries de VE finissaient dans des décharges en Afrique. Investigation rapide : l'étude était financée par... un fonds d'investissement lié à l'industrie pétrolière. Oups. 😅

3. Le recyclage est... invisible

Contrairement au pétrole qu'on voit dans les stations-service, le recyclage se passe dans des usines qu'on ne visite jamais. Donc pour le grand public, ça n'existe pas.

Ajoutez à ça le fait que les premières grosses vagues de batteries de VE en fin de vie n'arrivent que maintenant (les Nissan Leaf de 2012-2015 ont 10-12 ans), et vous comprenez pourquoi le mythe persiste : on n'a pas encore vu la filière de recyclage en action à grande échelle.

4. Biais cognitif : "Nouveau = dangereux"

Les humains sont câblés pour se méfier de ce qui est nouveau. Les VE sont récents (à l'échelle de masse), donc on cherche des raisons de les rejeter. Le cerveau préfère le connu (le pétrole) même si c'est objectivement pire.

C'est le même phénomène qui fait dire "Les éoliennes tuent les oiseaux !" (vrai, mais les chats domestiques en tuent 10 000 fois plus) ou "Le nucléaire c'est dangereux !" (statistiquement l'énergie la plus sûre au monde).

La seconde vie des batteries : avant même le recyclage

Petit bonus qu'on oublie souvent : avant d'être recyclée, une batterie de VE peut avoir une seconde (voire troisième) vie.

Le concept de "seconde vie"

Une batterie est considérée comme "en fin de vie" pour un VE quand elle atteint 70-80% de sa capacité initiale. En dessous, l'autonomie devient trop faible pour un usage automobile acceptable.

MAIS : 70% de capacité, c'est largement suffisant pour d'autres usages moins exigeants. Exemples :

  • Stockage stationnaire d'énergie (panneaux solaires, éolien) : pas besoin de mobilité ni de puissance extrême
  • Alimentation de secours (data centers, hôpitaux) : remplace les groupes électrogènes diesel
  • Bornes de recharge mobiles : recharger des VE en panne ou lors d'événements
  • Stabilisation du réseau électrique : absorber les pics de production renouvelable

Exemples concrets

⚡ Renault - Advanced Battery Storage

Renault a créé des systèmes de stockage stationnaire avec des batteries de Zoe et Kangoo en fin de vie. Capacité : plusieurs MWh, utilisés pour stabiliser le réseau électrique en France et en Belgique.

🏟️ Johan Cruijff ArenA (Amsterdam)

Le stade utilise 148 batteries de Nissan Leaf (3 MWh) pour stocker l'énergie solaire et alimenter le stade lors des matchs. Opérationnel depuis 2018, fonctionne toujours parfaitement.

🏠 Sonnen (Allemagne)

Fabricant de batteries domestiques (solaire) qui utilise exclusivement des cellules de seconde vie issues de VE BMW et Tesla. Prix : 30-40% moins cher que des batteries neuves.

🚗 Nissan - xStorage

Nissan récupère les batteries de Leaf pour en faire des unités de stockage domestique (couplées à des panneaux solaires). Lancé en 2016, des milliers d'unités vendues.

Durée de la seconde vie : en moyenne 10-15 ans supplémentaires. Donc une batterie de VE a une durée de vie utile totale de 25-30 ans avant d'être recyclée. Pas mal pour un objet "jetable", non ? 😏

Comparaison : pétrole vs batterie

Faisons un petit tableau récapitulatif pour remettre les idées en place :

Critère 🔋 Batterie VE ⛽ Pétrole
Recyclabilité 95% recyclable 0% (brûlé)
Durée de vie 15-20 ans (VE) + 10-15 ans (seconde vie) Usage unique (combustion)
Souveraineté Recyclage local (France, UE) 99% importé
Valeur économique résiduelle 3 000 - 5 000 € (métaux récupérables) 0 € (parti en fumée)
Coût environnemental fin de vie Faible (process industriel maîtrisé) Élevé (CO₂, pollution)
Filière industrielle En croissance explosive (+20% / an) En déclin (pic pétrolier)
Réglementation Stricte (UE), objectifs chiffrés Inexistante (combustion)

Sources : Directive UE 2023/1542, SDES (Ministère Transition Écologique), Fortune Business Insights 2024, La Tribune Auto

Conclusion de ce tableau : si on devait choisir entre une batterie et du pétrole sur critères objectifs (recyclabilité, souveraineté, durabilité), le match serait plié en 30 secondes.

Ce qu'il faut retenir

💡 Les 10 points clés

  1. Les batteries de VE se recyclent à 95%, bien mieux que le plastique (22%) et infiniment mieux que le pétrole (0%).
  2. Le cobalt, nickel et cuivre sont récupérés à 90-95%, le lithium atteindra 70% d'ici 2030.
  3. L'UE impose des objectifs chiffrés stricts : collecte obligatoire, taux de recyclage minimums, passeport numérique.
  4. La France a déjà 4 usines majeures (Dunkerque, Viviez, Saint-Laurent-Blangy) avec 100 000 tonnes/an de capacité en 2027.
  5. L'Europe a une capacité de recyclage 3 fois supérieure au besoin actuel et futur (2025-2030).
  6. Le marché mondial va quadrupler d'ici 2032 (5,4 → 24 milliards $), signe d'un secteur en pleine explosion.
  7. Les batteries ont une seconde vie de 10-15 ans (stockage stationnaire) avant d'être recyclées.
  8. Le mythe "elles ne se recyclent pas" vient de désinformation active (lobbies pétroliers) et de confusion avec les vieilles piles.
  9. Une batterie recyclée localement vaut 3 000-5 000 € de métaux récupérables, personne ne va les jeter.
  10. Le vrai défi n'est pas le recyclage, mais la collecte (d'où les objectifs UE de 65-70% de collecte obligatoire).

La prochaine fois que quelqu'un vous sort "Les batteries ne se recyclent pas", vous savez quoi répondre : "Contrairement au pétrole que tu brûles tous les jours, elles se recyclent à 95%, et la France a déjà les usines pour le faire." 🎤

Et si vraiment vous voulez enfoncer le clou : "D'ailleurs, ta batterie de voiture thermique (au plomb) se recycle à 99% depuis 50 ans, et personne n'a jamais trouvé ça choquant. Bizarre, non ?" 😉

Questions fréquentes (FAQ)

Mais l'extraction du lithium et du cobalt, c'est pas polluant aussi ?

Oui, et c'est un vrai sujet ! MAIS : contrairement au pétrole qu'on extrait et brûle en continu (18 000 litres sur la vie d'une voiture thermique), une batterie s'extrait UNE FOIS puis se recycle à 95%. Avec le recyclage, on va progressivement réduire le besoin d'extraction : d'ici 2040, l'UE vise 50% de matériaux recyclés dans les nouvelles batteries. Le pétrole, lui, sera toujours à 100% d'extraction. De plus, l'industrie du lithium a fait d'énormes progrès : extraction par géothermie (Allemagne, Alsace), traitement de l'eau amélioré, remplacement progressif du cobalt par des chimies LFP (lithium-fer-phosphate) qui n'en contiennent pas. Bref, oui c'est polluant, mais c'est améliorable et recyclable, contrairement au pétrole.

Si les batteries se recyclent si bien, pourquoi on ne le fait pas depuis le début ?

Deux raisons simples : 1) Volume – Les premiers VE de masse (Nissan Leaf, Tesla Model S) datent de 2010-2012. Avec une durée de vie de 10-15 ans, les premières grosses vagues de batteries arrivent maintenant (2023-2025). Avant, le volume était trop faible pour justifier des usines dédiées. 2) Rentabilité – Recycler coûte cher. Tant que les métaux étaient bon marché, ce n'était pas rentable. Mais avec l'explosion des prix du cobalt (×4 entre 2015 et 2022) et du lithium (×10 entre 2020 et 2022), recycler est devenu très rentable. D'où l'explosion des investissements depuis 5 ans. C'est exactement ce qui s'est passé avec les batteries au plomb : filière inexistante dans les années 60, puis 99% de recyclage dès les années 80 quand le volume a justifié l'investissement.

Ça coûte cher de recycler une batterie ? Qui paye ?

Bonne question ! Le recyclage coûte environ 1 000-1 500 € par batterie (collecte + transport + process). Mais la batterie contient 3 000-5 000 € de métaux récupérables. Donc le recyclage est rentable, même sans subventions. Qui paye ? Selon la directive européenne, c'est le constructeur automobile (responsabilité élargie du producteur). En pratique, ce coût est intégré dans le prix du véhicule neuf (environ 200-300 € par voiture, quasi invisible). Le consommateur n'a rien à payer en fin de vie : il ramène sa batterie chez le concessionnaire, point. Mieux : certains recycleurs rachètent les batteries (500-1 000 €) tellement les métaux sont précieux. Donc non seulement ça ne coûte rien au consommateur, mais ça peut même rapporter !

Les batteries de Tesla se recyclent aussi ? Ou juste celles de Renault/Nissan ?

Toutes les batteries lithium-ion se recyclent, quelle que soit la marque. Tesla, Renault, Volkswagen, BYD... même chimie de base (lithium + métaux), donc même process. Tesla a d'ailleurs sa propre usine de recyclage au Nevada (USA) et travaille avec Redwood Materials (startup de recyclage cofondée par l'ex-CTO de Tesla). En Europe, Tesla passe par Umicore (Belgique) et Northvolt (Suède). Seule différence : les batteries LFP (lithium-fer-phosphate, utilisées par Tesla Model 3 de base et BYD) ne contiennent pas de cobalt ni nickel, donc valeur résiduelle plus faible (1 500-2 000 € au lieu de 4 000-5 000 €). Mais elles se recyclent quand même à 90-95% pour récupérer le lithium, le fer et le graphite. Donc oui, 100% des marques sont concernées.

J'ai entendu que certaines batteries finissent en Afrique, c'est vrai ?

Non, c'est faux (du moins pour les batteries de VE). Ce qui se passe en Afrique, ce sont des batteries de téléphones et d'ordinateurs, beaucoup plus petites et difficiles à tracer. Les batteries de VE sont énormes (400-600 kg), très chères (3 000-5 000 € de valeur), et tracées électroniquement (numéro de série, passeport numérique obligatoire en UE dès 2027). Impossible de les "perdre" dans la nature. De plus, la directive européenne oblige les constructeurs à prouver où finissent leurs batteries (audit annuel). S'ils ne le font pas ? Amendes colossales + interdiction de vendre en Europe. Donc non, votre batterie de Renault Zoe ne finira pas dans une décharge en Afrique. Elle ira à Dunkerque, sera recyclée, et ses métaux serviront à fabriquer de nouvelles batteries. Point. 🎯

Et les batteries des hybrides (non rechargeables), elles se recyclent aussi ?

Oui ! Les hybrides classiques (type Toyota Prius) utilisent des batteries nickel-métal-hydrure (NiMH) ou parfois lithium-ion. Elles se recyclent aussi bien voire mieux que les batteries de VE : 95-98% pour le nickel et le cobalt. La différence ? Elles sont plus petites (1-2 kWh au lieu de 40-80 kWh), donc moins de valeur résiduelle. Mais la filière existe depuis 20 ans (la Prius date de 1997), donc le recyclage est ultra rodé. Toyota Europe a d'ailleurs un programme de collecte obligatoire : quand vous ramenez votre Prius en casse, le concessionnaire DOIT récupérer la batterie, sinon amende. Bref, 100% des batteries automobiles se recyclent, qu'elles soient hybrides, électriques, ou même thermiques (plomb-acide). C'est juste une question de volume et de réglementation.

📚 Sources et références