Publié le 05 novembre 2025 à 15:13 · Temps de lecture estimé : 12 minutes
Dépendance pétrolière France & Europe : l'argument qu'on ne veut pas entendre
On débat sans cesse sur l'électricité pour les VE, mais on oublie la vraie question : d'où vient notre pétrole ? Analyse choc du Shift Project sur le déclin annoncé (-40 à -55% d'ici 2050) de nos fournisseurs. 37 milliards d'euros perdus chaque année, 99% d'importations... et si le vrai enjeu était notre souveraineté énergétique ?
Par Florent ANGLES
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Quand on parle de voitures électriques, on se concentre toujours sur le même débat : "Aura-t-on assez d'électricité ?", "Le réseau va-t-il tenir ?", "Les batteries sont-elles vraiment écologiques ?". Pourtant, on oublie systématiquement de poser la question inverse : d'où vient notre pétrole, qui nous le fournit, et pour combien de temps encore ?
Spoiler : la réponse est bien plus inquiétante que tous les débats sur l'électricité. Selon une étude du Shift Project commandée par le ministère des Armées, la production des principaux fournisseurs de pétrole de l'Europe va chuter de 10 à 20% dès 2030, puis de 40 à 55% d'ici 2050. Et ce n'est pas une prédiction alarmiste : c'est de la géologie pure.
Décryptage d'un enjeu de souveraineté nationale dont on ne parle jamais assez.
La France et le pétrole : une dépendance à 99%
Commençons par poser les bases. Contrairement à l'électricité que nous produisons en grande partie sur notre territoire (nucléaire + renouvelables), le pétrole que nous consommons est importé à 99%.
Les chiffres de notre dépendance
En 2024, selon les données du ministère de la Transition écologique, voici la situation française :
45,6 Mt
Pétrole importé en 2024
0,8 Mt
Production nationale
99%
Taux de dépendance
Autrement dit : nous produisons seulement 1% du pétrole que nous consommons. Le reste ? On va le chercher à l'autre bout du monde, et on espère que les robinets restent ouverts.
Qui sont nos fournisseurs ?
Depuis l'arrêt des importations russes en 2023 (qui représentaient 9% de nos approvisionnements en 2021), la France a dû diversifier ses sources. Voici la répartition actuelle :
| Région d'origine | Part des importations | Principaux pays |
|---|---|---|
| 🇺🇸 Amérique du Nord | 23% | États-Unis (pétrole de schiste) |
| 🌍 Afrique subsaharienne | 21% | Nigeria, Angola |
| 🇩🇿 Afrique du Nord | 17% | Algérie, Libye |
| 🇰🇿 Kazakhstan | 12% | Mer Caspienne |
| 🇸🇦 Moyen-Orient | 15% | Arabie Saoudite, Irak |
| 🇳🇴 Autres (Europe) | 12% | Norvège (en déclin) |
Regardez cette liste. Pas un seul de ces pays n'est membre de l'Union européenne (à l'exception de la Norvège qui n'est pas dans l'UE mais dans l'EEE). Notre sécurité énergétique dépend entièrement de la stabilité géopolitique de régions souvent instables et de la bonne volonté de gouvernements dont les intérêts ne s'alignent pas toujours avec les nôtres.
Le coût économique : des milliards qui s'évaporent
Parlons argent. En 2024, avec un baril moyen autour de 80-85 dollars, la France a dépensé environ 37 milliards d'euros pour importer son pétrole. Selon RTE, les importations d'énergies fossiles (pétrole + gaz) coûtent entre 40 et 60 milliards d'euros par an à la France. C'est de l'argent qui quitte définitivement notre économie, ne crée aucun emploi en France, et nous rend vulnérables aux fluctuations des marchés.
💸 Que représentent 37 milliards d'euros ?
- • 5 fois le budget de l'enseignement supérieur français
- • Le budget annuel de la Défense nationale
- • 500 euros par Français (bébés inclus) qui partent à l'étranger chaque année
- • De quoi construire 15 EPR (à 2,5 milliards l'unité) en une seule année
Et encore, on parle ici uniquement du pétrole brut. Si on ajoute les produits pétroliers raffinés importés (gazole notamment), le montant grimpe au-delà de 50 milliards d'euros par an.
L'Europe : une dépendance encore plus inquiétante
Si la situation française est préoccupante, celle de l'Union européenne dans son ensemble l'est encore plus.
500 millions de tonnes importées chaque année
L'UE-27 importe environ 500 millions de tonnes de pétrole brut par an, soit près de 10% de la production mondiale. La production interne (Norvège, Pays-Bas, Danemark, Roumanie) est marginale et en déclin constant.
Taux de dépendance énergétique (pétrole + gaz, 2024)
Source : Eurostat, 2024
Une concentration dangereuse des fournisseurs
Voici un chiffre qui devrait nous réveiller : en 2018, 5 pays seulement fournissaient 70% du pétrole de l'UE, contre 65% en 1990. La dépendance s'est donc concentrée au lieu de se diversifier.
| Pays fournisseur | Part dans les importations UE | Risque géopolitique |
|---|---|---|
| 🇷🇺 Russie (avant 2022) | ~25% | 🔴 Élevé (guerre, sanctions) |
| 🇮🇶 Irak | ~10% | 🟠 Moyen (instabilité politique) |
| 🇸🇦 Arabie Saoudite | ~9% | 🟠 Moyen (tensions régionales) |
| 🇰🇿 Kazakhstan | ~8% | 🟡 Modéré (influence russe) |
| 🇳🇴 Norvège | ~7% | 🟢 Faible (mais production en déclin) |
La guerre en Ukraine a brutalement rappelé à l'Europe sa vulnérabilité : du jour au lendemain, il a fallu remplacer 25% de nos approvisionnements en pétrole. Cela a été possible (au prix d'une flambée des prix), mais que se passera-t-il si un autre fournisseur majeur devient indisponible demain ?
Le déclin annoncé : l'étude choc du Shift Project
Maintenant, voici la partie qui devrait tous nous inquiéter. En mai 2021, le Shift Project a publié une étude commandée par le ministère des Armées (oui, la Défense nationale, parce que c'est un enjeu stratégique de premier ordre) sur l'approvisionnement pétrolier futur de l'Europe.
Les conclusions sont sans appel : la production des principaux fournisseurs de l'UE va entrer en déclin structurel et irréversible dès la décennie 2030.
Les projections pays par pays
L'étude a analysé les 16 principaux pays fournisseurs de l'UE, représentant 95% de nos importations. Pour chacun, elle a évalué l'état des réserves, le déclin des champs existants, et les perspectives de nouvelles découvertes. Voici ce qui nous attend :
| Pays | Production 2019 | Projection 2030 | Projection 2050 | Déclin 2030-2050 |
|---|---|---|---|---|
| 🇷🇺 Russie | 10,5 Mb/j | 7,5 Mb/j (-29%) | 2,5 Mb/j (-76%) | -67% |
| 🇰🇿 Kazakhstan | 1,7 Mb/j | 1,5 Mb/j (-8%) | 1,0 Mb/j (-40%) | -33% |
| 🇳🇴 Norvège | 1,5 Mb/j | 1,2 Mb/j (-20%) | 0,5 Mb/j (-67%) | -58% |
| 🇸🇦 Arabie Saoudite | 9,8 Mb/j | 9,0 Mb/j (-8%) | 5,5 Mb/j (-44%) | -39% |
| 🇮🇶 Irak | 4,7 Mb/j | 5,2 Mb/j (+11%) | 3,5 Mb/j (-26%) | -33% |
| 🇺🇸 États-Unis (schiste) | 12,2 Mb/j | 10-13 Mb/j | 4-7 Mb/j | -46 à -60% |
| TOTAL 16 fournisseurs UE | Base 100 | -10 à -20% | -40 à -55% | DÉCLIN MASSIF |
Source : The Shift Project, « Approvisionnement pétrolier futur de l'UE », Mai 2021 | Mb/j = Millions de barils par jour
Pourquoi ce déclin est-il inévitable ?
Ce n'est pas de la politique, c'est de la géologie. Un gisement pétrolier suit une courbe de production prévisible :
- 1. Phase de croissance : Les premiers forages sont les plus productifs (pétrole facile d'accès, forte pression naturelle)
- 2. Plateau : La production se stabilise pendant quelques années/décennies
- 3. Déclin irréversible : La pression baisse, il faut forer de plus en plus profond, les coûts explosent, et la production chute de 5 à 10% par an
La plupart des grands gisements des années 1960-1980 (Mer du Nord, champs russes de Sibérie occidentale, champs saoudiens) sont déjà en phase de déclin. Et les nouvelles découvertes sont de plus en plus rares, petites, et coûteuses à exploiter (offshore profond, Arctique, pétrole de schiste à faible rentabilité).
Le cas de la Russie : un effondrement annoncé
La Russie mérite un focus particulier, car elle était notre premier fournisseur avant 2022. Selon le Shift Project, sa production va s'effondrer de 76% d'ici 2050, passant de 10,5 millions de barils/jour à seulement 2,5 Mb/j.
📉 Déclin de la production pétrolière russe
Même si on ne lui achète plus de pétrole depuis 2023, ce déclin russe aura un impact mondial : moins d'offre globale = prix plus élevés pour tout le monde.
Où va tout ce pétrole ? Spoiler : dans nos voitures
Maintenant qu'on sait qu'on importe massivement du pétrole et que nos fournisseurs vont bientôt en manquer, posons-nous la vraie question : à quoi sert ce pétrole ?
Le transport : 2/3 de la consommation française
En France, la répartition de la consommation de produits pétroliers est claire :
| Secteur | Part de la consommation | Principaux usages |
|---|---|---|
| 🚗 Transports | 65% | Voitures, camions, avions, bateaux |
| 🏭 Industrie | 15% | Pétrochimie, matières premières |
| 🏡 Résidentiel/Tertiaire | 12% | Fioul domestique (chauffage) |
| 🌾 Agriculture | 5% | Tracteurs, machines agricoles |
| ⚡ Autres | 3% | Divers |
Près des deux tiers du pétrole que nous importons est brûlé dans nos moteurs thermiques. Autrement dit : si on électrifie nos transports, on peut diviser par deux notre dépendance au pétrole importé.
Les chiffres du transport routier
Concentrons-nous sur les voitures particulières et utilitaires légers (qui représentent l'essentiel du transport routier) :
🛢️ Consommation annuelle du parc automobile français
~50 Mds litres
Essence + Diesel
~42 Mt
Masse équivalent pétrole
~25 Mds €
Coût d'importation annuel
Pour un parc de 45 millions de véhicules (38,7M VP + 6,2M VUL)
Sur les 37 milliards d'euros de pétrole importé au total, environ 20 milliards concernent le carburant des voitures particulières et partent chaque année à l'étranger (39% du coût TTC du carburant correspond au pétrole brut importé + raffinage). Imaginez qu'on puisse garder cet argent en France, en produisant nous-mêmes l'énergie nécessaire à nos déplacements. C'est exactement ce que permet la voiture électrique.
La voiture électrique : une solution de souveraineté énergétique
On y arrive. Contrairement au pétrole que nous importons à 99%, l'électricité française est produite à 96% sur notre territoire, et nous sommes même exportateurs nets avec un record de 89 TWh exportés en 2024. C'est LA différence fondamentale qu'on oublie toujours dans le débat.
Le mix électrique français : 95% bas-carbone et souverain
En 2024, selon le bilan électrique de RTE, voici d'où vient l'électricité que nous produisons en France :
| Source d'énergie | Production 2024 | Part du mix | Production nationale ? |
|---|---|---|---|
| ⚛️ Nucléaire | 361,7 TWh | 67% | ✅ 100% français |
| 💧 Hydraulique | 75,1 TWh | 14% | ✅ 100% français |
| 💨 Éolien | 46,8 TWh | 9% | ✅ 100% français |
| ☀️ Solaire | 24,8 TWh | 5% | ✅ 100% français |
| 🌱 Bioénergies (biomasse, biogaz) | ~5,4 TWh | 1% | ✅ 100% français |
| 🔥 Fossiles (gaz, charbon, fioul) | 20,0 TWh | 4% | ❌ Combustible importé |
| PRODUCTION SOUVERAINE & BAS-CARBONE | 519,0 TWh | 96% 🇫🇷 | 95% ♻️ | ✅ FRANÇAISE & DÉCARBONÉE |
| 🚀 Exportations nettes vers l'Europe | +89 TWh (record 2024) | ||
Source : RTE, Bilan électrique 2024 | Production totale : 539 TWh | Les 4% de fossiles utilisent du combustible importé (gaz, charbon, fioul), seule l'électricité est produite en France
Comparons maintenant les deux modèles :
🛢️ Modèle actuel (thermique)
- ❌ 99% importé d'Amérique, Afrique, Moyen-Orient
- ❌ Dépendance à des pays instables
- ❌ 37 milliards d'euros perdus chaque année
- ❌ Vulnérabilité aux crises géopolitiques
- ❌ Production en déclin irréversible (-20% d'ici 2030)
- ❌ Émissions de CO₂ massives
⚡ Modèle électrique (VE)
- ✅ 96% souveraine 🇫🇷 & 95% bas-carbone ♻️ (nucléaire, hydraulique, éolien, solaire, bioénergies)
- ✅ Exportateur net (+89 TWh en 2024, record)
- ✅ 96% de l'argent reste dans l'économie française
- ✅ Indépendance géopolitique quasi-totale (4% fossiles importés)
- ✅ Production pilotable et croissante (RTE prévoit 650 TWh en 2050)
Le calcul économique imparable
Faisons un calcul simple pour une voiture qui parcourt 13 000 km/an (moyenne française). Attention : on parle ici uniquement du coût annuel récurrent de l'énergie (carburant ou électricité), pas du prix d'achat du véhicule :
| Type de véhicule | Consommation moyenne | Coût annuel (carburant/élec) | Argent qui part à l'étranger |
|---|---|---|---|
| Thermique essence | 7 L/100 km | ~1 660 €/an | 650 € (~39%) |
| Thermique diesel | 5,5 L/100 km | ~1 250 €/an | 490 € (~39%) |
| Électrique (recharge domicile) | 17 kWh/100 km | ~460 €/an | 18 € (~4%) |
Prix 2025 : essence 1,82 €/L, diesel 1,75 €/L, électricité 0,20 €/kWh en heures creuses
💡 Pourquoi "seulement" 39% alors que le pétrole est importé à 99% ?
Le prix du carburant à la pompe inclut ~55% de taxes (TICPE + TVA) qui restent en France. Sur 1,82 €/L d'essence, environ 0,65-0,70 € correspond au pétrole brut importé + raffinage (qui part à l'étranger), et ~1,00 € correspond aux taxes françaises. Le pétrole est bien importé à 99%, mais il ne représente "que" 39% du prix TTC que vous payez à la pompe. L'électricité, elle, est produite à 96% en France, donc 96% de votre facture reste dans l'économie nationale.
Analyse : Un automobiliste français qui roule en thermique envoie chaque année entre 490 et 650 euros à l'étranger via l'achat de carburant (environ 39% du coût total). Pourquoi seulement 39% alors que le pétrole est importé à 99% ? Parce que sur 1,82 €/L d'essence, environ 1,00 € correspond aux taxes (TICPE + TVA) qui restent en France. Mais le pétrole brut (~0,65 €/L) est bien importé à 99%. Multiplié par 39 millions de voitures, cela fait tout de même ~20 milliards d'euros qui quittent notre économie chaque année uniquement pour le pétrole des voitures particulières.
Avec un VE rechargé à domicile (électricité française à 96% nationale selon RTE), 96% de cet argent reste dans l'économie nationale : il paye des centrales nucléaires françaises, des barrages hydrauliques, des éoliennes et panneaux solaires installés en France, des emplois EDF/Enedis, des ingénieurs français, etc. Seuls 4% de l'électricité utilisent du combustible fossile importé (gaz, charbon, fioul), soit environ 18 € sur 460 € par an.
L'argument ultime : préparer l'avenir
L'étude du Shift Project est formelle : à l'horizon 2030-2050, nous n'aurons de toute façon plus accès au même volume de pétrole. Deux options s'offrent alors à nous :
❌ Option 1 : Ne rien faire
On continue à rouler au thermique, on subit le déclin de la production mondiale, les prix du pétrole explosent (loi de l'offre et de la demande), on se bat avec les autres pays pour les derniers barils disponibles, notre économie souffre, nos citoyens ne peuvent plus se déplacer. Scénario catastrophe.
✅ Option 2 : Anticiper dès maintenant
On électrifie progressivement notre parc automobile (sur 15-20 ans), on investit dans la production d'électricité décarbonée (nucléaire + ENR), on développe une filière industrielle française du VE (batteries, moteurs, électronique), on crée des emplois, on récupère notre souveraineté énergétique, et on se prémunit contre les chocs pétroliers à venir.
La voiture électrique n'est pas une question d'écologie ou de modernité : c'est une question de survie économique et de souveraineté nationale.
Et si on regardait enfin le problème dans le bon sens ?
Pendant qu'on débat pour savoir si le réseau électrique français pourra supporter 10 millions de voitures électriques (spoiler : oui, largement), on oublie de se poser les vraies questions :
- • Combien de temps encore la Russie, le Kazakhstan, l'Irak et le Nigeria pourront-ils nous fournir 50 milliards de litres de carburant par an ?
- • Que se passera-t-il quand leur production aura chuté de 40% d'ici 2050 (comme le prédit le Shift Project) ?
- • Combien coûtera un plein d'essence quand l'offre mondiale sera inférieure de 20% à la demande ?
- • Quelle sera notre marge de manœuvre quand nous dépendrons encore plus de régions géopolitiquement instables ?
- • Comment expliquerons-nous à nos enfants qu'on a continué à importer du pétrole au prix fort alors qu'on pouvait produire notre propre énergie en France ?
Le débat sur l'électricité est un faux débat. Nous savons produire de l'électricité : nous l'avons fait pendant 50 ans avec le nucléaire, nous le faisons de plus en plus avec les renouvelables, et RTE a déjà modélisé tous les scénarios pour 2050. Le vrai enjeu, c'est notre dépendance au pétrole importé.
Le marché de l'occasion : la transition accessible dès maintenant
La bonne nouvelle ? Vous n'avez pas besoin d'attendre 2035 ou 2050 pour récupérer votre souveraineté énergétique personnelle. Le marché de l'occasion électrique propose déjà des milliers de véhicules à des prix accessibles :
< 15 000 €
Renault Zoe, Nissan Leaf, Peugeot e-208 d'occasion
15-25 000 €
Tesla Model 3, VW ID.3, Hyundai Kona Electric récents
25-40 000 €
Tesla Model Y, BMW iX3, Mercedes EQC premium
Chaque voiture électrique qui remplace un thermique, c'est :
- ✓ 490 à 650 €/an de pétrole importé évité, argent qui reste dans l'économie française au lieu de partir au Nigeria ou en Arabie Saoudite
- ✓ ~1 200 litres de carburant importé en moins à acheter chaque année
- ✓ Une famille de moins vulnérable aux chocs pétroliers futurs
- ✓ Un pas de plus vers notre indépendance énergétique collective
Conclusion : la souveraineté énergétique se joue maintenant
Si vous ne deviez retenir qu'une seule chose de cet article, ce serait celle-ci :
« Le pétrole que nous consommons est importé à 99%, produit par des pays dont la production va chuter de 40 à 55% d'ici 2050, et nous coûte 37 milliards d'euros par an. L'électricité est souveraine à 96% (nucléaire, hydraulique, éolien, solaire) avec un mix 95% bas-carbone, nous sommes exportateurs nets (+89 TWh en 2024), et 96% de son coût reste dans notre économie. »
Le débat n'est pas de savoir si nous devons électrifier nos transports, mais à quelle vitesse nous devons le faire avant que le déclin pétrolier mondial ne nous rattrape. Chaque année passée à retarder cette transition, c'est :
La voiture électrique n'est pas un gadget écolo pour bobos urbains : c'est un outil de reconquête de notre souveraineté énergétique. Et contrairement à ce qu'on entend souvent, elle n'est pas réservée aux riches : le marché de l'occasion propose déjà des véhicules à tous les prix, pour tous les usages.
Alors la prochaine fois que quelqu'un vous dit "On n'aura jamais assez d'électricité pour les voitures électriques", posez-lui cette question : "Et toi, tu crois vraiment qu'on aura toujours accès à 50 milliards de litres de pétrole importé chaque année ?"
La réponse, vous la connaissez maintenant. 😉
Questions fréquentes (FAQ)
Mais l'uranium du nucléaire, on l'importe aussi non ? C'est pas mieux que le pétrole !
Excellente question ! Oui, on importe l'uranium (Kazakhstan, Niger, Canada), MAIS : 1 kg d'uranium produit autant d'énergie que 10 000 litres de pétrole. Un réacteur nucléaire consomme environ 150 tonnes d'uranium par an, soit l'équivalent en volume de... 3 camions. Comparez avec les 45 millions de tonnes de pétrole qu'on importe (des milliers de pétroliers géants). De plus, on peut stocker plusieurs années d'uranium d'avance (petit volume), alors qu'on ne peut pas stocker des années de pétrole. Enfin, l'uranium vient de pays stables (Canada, Australie) et on développe le recyclage (MOX). Bref, ce n'est pas du tout comparable.
Le pétrole de schiste américain ne peut pas compenser le déclin des autres pays ?
L'étude du Shift Project a justement pris en compte une hypothèse haute pour le pétrole de schiste américain... et même dans ce cas optimiste, ça ne compense pas ! Pourquoi ? Parce que les puits de schiste déclinent très rapidement (50 à 70% de baisse de production dès la 2e année), il faut donc forer en permanence de nouveaux puits. Or les « sweet spots » (zones les plus rentables) sont déjà exploités. De plus, le pétrole de schiste est rentable seulement au-dessus de 60-70 $/baril, et les compagnies US sont sous pression de leurs actionnaires pour limiter l'investissement. Bref, pas de miracle en vue.
On pourrait pas juste réduire notre consommation de pétrole au lieu d'électrifier ?
Bien sûr, et on doit le faire ! Télétravail, covoiturage, transports en commun, vélo, réduction des trajets inutiles... tout ça est indispensable. MAIS : 1) Même avec une sobriété forte, on aura toujours besoin de mobilité (travail, santé, accès aux services), 2) La baisse « naturelle » de consommation en France est de ~1-2% par an, alors que la production de nos fournisseurs va chuter de 10-20% d'ici 2030, 3) La sobriété seule ne crée pas de souveraineté : on restera dépendants du pétrole importé, juste un peu moins. L'électrification + sobriété est la vraie solution : moins de déplacements inutiles, et ceux qui restent faits avec de l'énergie nationale.
Les batteries des VE sont fabriquées en Chine avec du lithium importé, c'est pas mieux !
Comparons : Une voiture thermique consomme 1 200 litres de pétrole importé PAR AN pendant 15-20 ans, soit ~18 000 litres sur sa vie entière. Une voiture électrique a besoin d'une batterie de ~60 kg de lithium (importé, certes) fabriquée UNE FOIS, puis rechargée avec de l'électricité française pendant 15-20 ans. Le lithium se recycle à 95%, le pétrole brûlé ne revient jamais. De plus, l'Europe construit massivement des gigafactories (France, Allemagne, Hongrie) pour réduire la dépendance à la Chine. Bref, on compare un flux continu et irréversible (pétrole) à un stock initial recyclable (batterie). Pas de match.
Pourquoi les médias et politiques ne parlent pas plus de ça alors ?
Excellente question, et c'est frustrant ! Plusieurs raisons : 1) Le sujet est technique (géologie, réserves, dépletion des gisements), moins « sexy » que le climat ou les batteries, 2) Les lobbies pétroliers ont intérêt à minimiser le sujet pour ne pas affoler les marchés, 3) Parler de déclin pétrolier, c'est admettre qu'on a raté notre transition énergétique depuis 30 ans, pas facile politiquement, 4) Le grand public préfère entendre "On va manquer d'électricité !" (argument contre les VE) plutôt que "On va manquer de pétrole !" (argument pour les VE). Heureusement, des organismes comme le Shift Project, Carbone 4, ou l'AIE commencent à tirer la sonnette d'alarme. Mais il faut diffuser l'info !
Concrètement, je fais quoi maintenant avec ma vieille thermique ?
Pas besoin de tout jeter demain matin ! Voici un plan raisonnable : 1) Si ta thermique a moins de 10 ans et roule bien, garde-la jusqu'à ce qu'elle soit amortie, 2) En parallèle, commence à te renseigner sur les VE d'occasion (prix, autonomie, bornes près de chez toi), 3) Quand ta thermique arrive en fin de vie, regarde les offres d'occasion électrique : une Renault Zoe ou Nissan Leaf à 12 000-15 000 € fera le job pour 90% des trajets quotidiens, 4) Profite des aides (bonus écologique, prime à la conversion si éligible), 5) Installe une wallbox si tu as un garage/parking (investissement ~1 000 €, amorti en 2-3 ans). L'essentiel c'est d'anticiper et de ne pas attendre le dernier moment quand le prix du pétrole aura explosé !
📚 Sources et références
- • The Shift Project - Approvisionnement pétrolier futur de l'UE (Mai 2021)
- • Ministère de la Transition écologique - Chiffres clés de l'énergie 2025
- • RTE - Bilan électrique 2024
- • Eurostat - Energy statistics (dépendance énergétique UE)
- • AIE - World Energy Outlook 2024
- • Le Monde - Qui fournit son pétrole à la France ?
- • Connaissance des Énergies - Consommation de pétrole en France